Une équipe médicale est venue nous solliciter il y a 5 ans maintenant parce que nous animions des ateliers de discussion philosophique et que les outils de ces animations leur semblaient convenir parfaitement à une supervision. Nous sommes depuis souvent sollicités pour discuter des valeurs, et surtout des conflits de valeurs qui pointent dans des situations de tension. Nous partons alors des situations concrètes, pour éviter une discussion générale sur les valeurs qui n’aurait aucun effet sur la pratique. Le travail de supervision consiste à expliciter ce qui se joue dans les tensions quotidiennes (notamment parfois en termes de valeurs). De façon générale, nous pensons à la fois ce qui marche (pour comprendre pourquoi et pouvoir assurer la pérennité de ce qui fonctionne bien dans une équipe) et ce qui pose problème (pour dépasser les problèmes, plutôt que de les mettre sous le tapis).

La discussion philosophique peut servir à changer le climat de travail, car nous nous sommes aperçu que dans toutes les pratiques et dans toutes les façons de gérer une situation difficile, il y a en réalité des théories sous-jacentes, souvent peu conscientes et rarement discutées collectivement. Ce sont des façons de se représenter le rapport au patient, l’acte médical juste, la maladie, etc. Notre rôle consiste à penser plus précisément et plus collégialement ces situations. N’étant pas psychologues, nous abordons les affects, parfois bouillonnants, comme des indices que quelque chose est à penser et nous considérons que le groupe est alors d’une aide précieuse parce qu’il permet de prendre de la distance et de comprendre autrement le problème.